Gnanananana

Ahh,  ça en arrivait presque à me manquer et c’était surtout très étrange à vivre, mais nous sommes redevenus raisonnables et avons repris nos habitudes : Pou et moi nous sommes engueulés. Ben en même temps, ça faisait un bon petit moment que les choses étaient assez calmes et douces, que nous nous faisions davantage de câlins que de croche pieds ou que nous arrivions à trouver des compromis à chacun de nos désaccords, ça ne pouvait plus durer !

Je ne sais même pas pourquoi ni comment nous en sommes arrivés là, mais aujourd’hui je le boude et compte tenu du nombre de mots que nous avons échangés depuis ce matin, je pense que cet état d’esprit est partagé. Bien évidemment, comme depuis 18 ans, c’est moi qui vais craquer et faire le premier pas de la réconciliation et lui qui va l’accepter (tiens d’ailleurs, sous vos yeux ébahis, puisque je l’entends dans la salle de bains, je vais tenter quelque chose de tout à fait inédit : la réconciliation rapide et franche, pour éviter de perdre du temps.)

Voilà, voilà, voilà, bon, ça c’est fait et on va dire qu’on n’était pas prêts… « Pou, pourquoi tu te rases ? » « Ben parce que ça me gratte. » « Pas parce que tu me piques ? » « Nan » «Ben c’aurait été gentil et c’est con qu’on se fasse la gueule non ?» « Ouais, ben je ne suis pas gentil ». Je vais donc attendre un peu ou beaucoup, cette tentative ayant peut être remis le compteur de boude à zéro et relancé la période de râlage.

Mais cette histoire n’en reste pas moins une énigme pour moi : Lorsqu’on s’engueule, il est rare que les sujets soient importants ou graves. Donc ça crie, on se dit des trucs plus ou moins sympathiques et dans les normes plus ou moins autorisées de ce qui est acceptable ou pas (par exemple, pour nos amis célibataires ou en jeune couple, « nan mais tu te fous de moi ? » = acceptable, « tu te fous de ma gueule espèce de menteur immonde » : trop loin,  « ne te fais pas plus bête que tu ne l’es » = acceptable,  mais bon, « T’es vraiment aussi con que ton père » = beaucoup trop loin,  « ohhh allez tais-toi donc, va » = acceptable ET énervant donc très rentable, « ta gueule » = trop crû et porte ouverte à l’insulte, cette dernière étant tout à fait déconseillée dans une vie de couple saine et normalement disputeuse.) bref, à l’arrivée, 18 ans après on est toujours ensembles donc moi, une fois que j’ai crié, que je lui ai dit que j’en avais marre qu’il critique mon rangement « parce que s’il te pose autant de problème, tu te sors les doigts d’où ils sont et tu t’en occupes » ou qu’il regarde un deuxième match de foot dans la journée « parce que je te rappelle que j’habite aussi ici et que cette télé est NOTRE cadeau de mariage donc si tu veux en faire ce que tu veux, tu t’en achètes une à toi » ou  encore « tu sais que le truc qui s’ouvre sous les plaques c’est le lave vaisselle, si t’arrives à entreposer les assiettes sur la gazinière, je te parie que tu dois être en capacité de les mettre 45 centimètres plus bas là où elles DOIVENT aller ! », une fois que la substantifique moelle du message me semble être passée, je suis tout à fait capable de passer instantanément à autre chose et de rigoler avec lui puisque de toutes façons, on sait bien qu’on ne va pas divorcer pour ça donc pourquoi perdre notre temps, si précieux ?

Mais en fait Pou c’est là qu’il débute les disputes. Il ne crie pas souvent et me laisse m’énerver toute seule, mais une fois que c’est fait, il entre en guerre, il endosse son costume de silencieux-man ou pire indifférent-man et agit comme si je n’étais pas là jusqu’il en ait marre ou que j’ai détendu l’atmosphère. Bref, en gros, j’en ai pour une petite heure. Bon, je vais donc prendre mon mal en patience et peut être même que je vais trouver un nouveau sujet d’énervement, juste parce que ce soir il a un match à la télé et que si je le gonfle bien avant il n’y prendra pas autant de plaisir. A voir en fonction de son attitude face à mon repas de midi…To be continued