Dans 50 mètres, tournez à droite

Pfff, lorsque nous voguions sur les flots gelés des montagnes enneigées de Haute Savoie, Pou et moi avons failli divorcer (encore…). Ben ouais, je ne sais plus pour quelle très bonne raison je lui faisais la tête, (mais il l’avait mérité et il le savait très bien) et bref, nous sommes sortis de l’appartement, lui muni de sa tête des mauvais jours et moi de la poubelle qu’il me suffisait de déposer au local dévolu à cet effet.

Arrivée au rez-de-chaussée, je me rends compte qu’emportée non pas par la foule mais par mon élan, j’ai gardé le sac à la main. Un local à poubelles étant destiné à accueillir les déchets des habitants de chaque étage, je repars donc vers l’ascenseur en direction de ce que le concierge m’avait présenté comme étant « le local à gauche en sortant de l’ascenseur ». Bien entendu, une fois les portes ouvertes, je pars à droite et oui, mon sens de l’orientation légendaire étant ce qu’il est et n’ayant plus la moindre idée du numéro de notre appartement, j’ai suivi le mur du couloir jusqu’à trouver le local, alors devenu, mon précieux. Un local électrique et deux relançage de lumière plus tard, je pousse la porte menant aux escaliers. Ouais, fuck, je ne vais tout de même pas tourner deux plombes dans ce couloir de crotte alors qu’il n’y a qu’un local par étage. Je suis déjà assez  énervée comme ça. Je vais pas me faire ennuyer par une poubelle pourrie, je jetterai ça dans une des poubelles de rues.

J’arrive au RD quelque chose, persuadée d’y trouver un Pou impatient et pousse une nouvelle porte censée me mener jusqu’à mes chaussures meutrissantes et mes spatules longues et fines. Mais me voilà…hein ? Mais qu’est-ce que je fous là ? La piscine ? Comment j’ai pu me perdre dans un immeuble de 5 étages ? Dans un couloir droit ! Tain, mais c’est où dehors alors ? Tiens l’ascenseur. Je remonte dedans et appuie sur RDC (forcément, j’étais à RDJ là..). Je sors, ma poubelle à la main « Ben qu’est-ce que tu faisais ? » « fais pas chier, j’ai discuté avec quelqu’un (ouais, je vous rappelle qu’on se fait la grosse tête grave) » « Ahh, menteuse, t’as la poubelle : Tu t’es perdue ??!!?? » J’avance, digne et dépose le sac dans une des poubelles de rue. J’enfile mes chaussures en silence, monte dans l’œuf sans un mot. Arrive en haut des pistes et dis à Pou, une rage contrôlée dans la voix « Bon tu vas où ? Tu m’as gonflée je vais skier seule » Et là, Pou éclate de rire « Tu n’arrives pas à trouver un local à poubelles dans un couloir et tu crois que je vais prendre le risque de te laisser errer dans la montagne toute seule ? Mais jamais tu n’arriveras à rentrer ! » Bon ben du coup j’ai ri et comme il avait raison, pour éviter de finir en hibernatus de base, rapatriée par les secouristes bronzés, je l’ai suivi, quelques minutes en faisant la gueule, pour marquer le coup, et le reste de la journée fidèle à moi-même, parlant et gigotant comme la gamine que je suis !