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Journal d'une femme enfant
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1 mars 2015

les vieux de la vieille

Ce week end, je suis allée voir mes grands-parents (2 mères grands de 93 ans et un grand père de 95). Mon frère avait prévu d’y aller et j’ai profité de mon sac sans fond de RTT pour le rejoindre et passer ces deux jours en sa compagnie. Un petit coup d’air BnB à côté de chez mamie et hop, indépendants nous pourrons toutefois passer du temps avec les ancêtres. Si vous n’etes pas de ma famille, ce post vous ennuiera mais j’ai aimé passer du temps avec eux, (même si plus aurait pu être trop ;-)) et entendre leurs extraits choisis, leurs histoires, leurs habitudes et voir leurs yeux contents de nous avoir. Tranches de vie.

Jeudi, à peine sorIMG_20150226_160547[1]tie du train, je saute dans un tramway qui me conduira jusqu’à l’autocar qui devrait m’amener jusqu’au village (dont le nombre d’habitants est passé de moins de 10 000 quand j’étais gamine à 20 000 aujourd’hui). J’achète mon billet et pose mon auguste derrière sur les sièges colorés. Je prends quelques photos et les contrôleurs montent dans ma rame. « Billet s’il vous plait ». Je lui tends le bout de carton rouge et entends en retour « ben madame, il n’est pas composté ce billet.» « Ah ben non, j’ai pas fait gaffe, comment on peut faire s’il vous plait ? » « ben en fait soit vous avez 34 euros d’amende, soit vous le compostez vite là, pendant que j’ai le dos tourné .»..Ahh, j’adore le sud et cette façon de vivre à peu près selon les règles. « Merci monsieur ».

Je descends du tram, et, conformément aux indications paternelles, je fais 10 m et je saute dans le 107. Un monsieur à la coupe mulet m’indique où descendre, appuie sur le bouton de demande d’arrêt (je le hais pour ça, moi j’adore appuyer sur le bouton, mais bon, lui ne pouvait pas le savoir) et je descends.

Tain, ayé ça commence, je ne sais absolument pas où je dois aller. Je ne pense pas être sortie au bon endroit mIMG-20150226-WA0001[1]ais bon, je vois où habite mamie, une fois chez elle, je me débrouillerai bien. Tain, ça fait 20 mn que je déambule, mon saIMG-20150226-WA0005[1]c à dos sur les épaules (il commence à peser un peu quand même) et j’ai très envie de faire pipi. Me voilà chez mamie. Ah ben la porte est fermée, super, elle est partie faire un tour…Bon, ben on va chercher l’airbnb, je repasserai plus tard. Waouw, stro joli ! Pipi et go, elle doit être rentrée maintenant.

Rhooo, stro mignon, elle était chez le coiffeur pour qu’on ne pense pas qu’elle est vieille !! Meuh nannnn, 93 ans, une paille ! En revanche, 93 ans, pour les tympans, c’est long et ne nous leurrons pas, ils sont désormais passablement abimés. La télé gueule, hurle, dégueule les sons de Slam comme elle le fera ensuite avec les questions de Julien Lepers, le journal régional, le national et le film du soir comme une sirène municipale un mercredi midi. Du coup, je hurle aussi, je perds ma voix dès le premier soir, je répète et répète chaque phrase, je me concentre sur ce qu’elle me dit comme si je devais trouver dans ses paroles la solution à la faim dans le monde. Et je rigole parce que mamie me raconte ses journées (ses journées de d’habitude, on ne compte pas le mois dernier où elle a été bien malade) et en fait tout est hyper structuré. Le matin, infirmière, lecture, petit déjeuner, lecture, appels aux copines, petite marche jusqu’à la boulangerie, déjeuner, les feux de l’amour, sieste pendant les feux, lecture du journal, soit marche soit lecture, et puis les jeux télé, le journal, l’infirmière, la mise en robe de chambre, le diner (petite soupe et banane avec le verre de vin obligatoireIMG_0954) et le film du soir, toujours avec une télé à donf de sa race ! Je suis là depuis 3 heures et je suis épuisée. En tout cas, mamie est contente, mon frère nous a rejointes et comme elle était en train de s’endormir devant la télé, on lui fait un bisou et « à demain ». Le vendredi se déroule selon le rythme décrit la veille, on part se balader rapidement, le soleil brille et mamie s’endort le sourire aux lèvres devant la télé.

Une nuit infestée par les bruits étranges et des terreurs éloignées par l’abaissement des paupières que je vous raconterai une autre fois (oui, la campagne, c’est comme la montagne, ça vous gagne et parfois, ça vous file la cagagne…) plus tard, nous revoilà chez mamie. Petit dej au bon pain chaud, au bon beurre acheté la veille à la boulangerie, à la fougasse croustillante. Mon régime est mort. Vive mon régime !

Les cousines et les arrières petites filles passent et la grand-mère touche au Nirvana. 4 générations d’écart dans la même pièce. Ca déchire. Mamie se souvient de son anglais, revient sur quelques histoires revisitées (je tiens certainement ça d’elle) dans lesquelles j’ai même le droit à l’adjectif « débile », nous explique comment elle a eu son bac à 16 ans, comment elle a intégré une école d’infirmière et préféré devenir secrétaire. Elle s’étonne de se sentir vieille depuis 3 ans (ben si c’est que ça…) et nous dit des choses comme « c’est pas maintenant que je vais changer » « ce dont je suis fière, c’est de n’avoir rien à me reprocher et d’avoir bien élevé mes enfants et qu’eux vous ont bien élevés » et enfin, nous allons, comme depuis au moins 38 ans, voir les poules avec la dernière-née de la famille. Allez hop, ce midi on déjeune chez les autres grands parents. Bisous mamie, à bientôt.

Allez, à la cave de muscat, c’est à gauche. 4è étage sans ascenseur et nous voilà chez papi et mamie. Tu m’étonnes qu’ils ne puissent plus sortir comme ils voudraient, mon frère et moi arrivons essoufflés et nous, on a moins de 40 ans et on est en pleine forme…là aussi, les baisers pleuvent, les yeux brillent et le rythme de la journée est bien calé. D’ailleurs il est midi. « Stef, va chercher le whisky et le canada dry. C’est l’heure de l’apéro ». Ah ben allons-y, ne nous refusons rien..On parle, les grands parents nous disent qIMG_1059u’ils ont réussi leur vie parce que, à quelques couacs près, ce qu’ils voulaient c’était faire une famille heureuse et que nous le sommes tous. Papi nous raconte sa vie, mamie, se moque de lui à grands coups de « eh ben, on voit que tu as des spectateurs, ça te change de n’avoir que moi qui n’écoute plus tes exploits.». Elle nous propose 5 fois de reprendre un verre et nous passons à table. Tout est organisé. Le pain est coupé au millimètre près, le vin versé à égalité dans les verres, les assiettes disposées à leur place précise. Bref, les habitudes quoi. Pour faire travailler la mémoire de mamie, on revient sur les histoires passées et on se remémore les exploits de jeunesse. Comment George Brassens a failli la voler à papi et quels concours de circonstances les ont menés toute leur vie de réussites en bons moments. On parle des arrières petits-enfants, on regarde des photos, on regarde de très vieilles photos, Pou se fait engueuler par moi interposée parce que « je sais qu’il travaille mais il aurait pu descendre », on appelle la cousine, papi stresse parce que mon train est dans 3 heures et que je risque de le rater (avec 30mn max de trajet, on lui fait comprendre qu’il y a peu de risques). Fromage, pain, dessert. Tout y passe en rigolant et puisqu’on est entre nous, on se moque de tous les autres, z‘avaient qu’à être là ! Pour le café, c’est le salon. Et ils ont une Nespresso. A défaut de café, moi, je mange du chocolat (je vous ai déjà parlé de l’enterrement de mon régime ? Je le ramènerai à la vie dimanche hein !). Mamie nous repropose à manger et à boire (sérieux ?? on sort de table !!) et là, on discute pendant des heures. Je vois nos photos aux murs, quelques cartes postales envoyées pendant nos vacances sur le frigo, la famille est partout, les arrières petits enfants grandissent sur les meubles. Et l’heure est venue : mon train ne m’attendra pas. Bisous papi et mamie, à bientôt.

Je ne vais pas vous mentir, si mamie n’avait pas été malade dernièrement je n’aurais peut être pas fait le voyage mais je me suis rendue compte qu’il est hyper important de passer un peu plus de temps avec eux. Ils n’ont plus 40 ans, ils ne peuvent plus faire ce qu’ils veulent, ils doivent gérer leur quotidien en fonction de ce qu’ils peuvent et ce dont ils ont besoin. Ils sont fiers dIMG_1019e leur famille. Bien que leurs habitudes les rassurent, ils ont un plaisir incroyable à les envoyer balader pour passer du temps avec nous. Les journées passent 10 fois plus vite lorsqu’elles sont partagées. Ils aiment être au centre de l’attention et nous voir « grandir », même si aujourd’hui nous avons presque l’âge qu’ils avaient quand on est né. Bref, s’il est possible que dans 10 ans, ils assistent à l’entrée au collège de leurs petits-enfants, on ne peut pas parier dessus et un petit week end loin de mon chez moi, ne me coute pas plus que le prix du billet de train et leur apporte à chacun d’entre eux une joie profonde et dont ils pourront se délecter à nouveau les quelques prochains jours lorsqu’au cours d’une balade ou d’une conversation téléphonique avec leurs amis, ils la raconteront dans le détail.

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  • Écrire, faire vivre de vraies ou fausses "histoires vécues", vous faire rire, sourire et réagir, assumer mon désir d'écriture et ma folie des mots. Voilà ce que je souhaite obtenir par le biais de ce blog. Et si en plus ça me permet d'être reconnue...
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