Copenhague jour 2

Nous avons toutes les 3 bien dormi. S’il faisait un froid de sa rass sa mémé dehors hier, à l’intérieur c’est la fournaise. Notre hôte a un chauffage au sol central, qui m’a valu de me réveiller,  vers 3h du mat, la langue en carton, les dents quasi déchaussées et un besoin irrépressible de ramper jusqu’au point d’eau le plus proche afin de ne pas être obligée de demander à Rourou de me baver dans le bouche ! Lemonade nous offre un orgasme gastronomique dès le petit dej : dans son immense mansuétude, levée la preum’s elle est allée faire le plein de manger. Et le pain viking, pain noir saupoudré de graines de courges nous ravit les papilles (j’en ai trouvé un ce midi à côté de la maison, ben, on sent bien qu’il a fait le voyage hein.. L ). Beurre, pain, croissants, et cacolac local nous permettent de rejoindre le monde des vivants dans les meilleures conditions. Je me débrouille pour inonder la salle de bains (note pour plus tard, demain je passerai donc la dernière) et après avoir trouvé, dans un placard non autorisé (mais je vous préviens, cette journée et la suivante seront rythmées par les entorses à la morale…et ouais !), un blouson sans lequel je ne me sens pas capable d’affronter la journée, nous retournons arpenter la danemarkie.

A la majorité, mais pas l’unanimité, nous prenons un ticket illimité de transports en commun copenhagois, 4 zones (ce qui nous permettra d’aller jusqu’à l’aréoport demain, si toutefois nous choisissons d’y aller près de 10h avant le décollage car notre sésame nous permet d‘accéder à tout le réseau viking pendant 24h et il n’est que midi ou déjà midi parce que bon, du coup, on ne s’est pas vraiment pressées hein, c’est les vacances !).

Et là hop, c’est parti, nous nous rendons en métro vers la central station pour nous renseigner sur les consignes où notre logeur nous a conseillé de déposer nos valises demain . Tiens, il est bizarre leur métro. Euh, il est à ciel ouvert ? Tain, on descend à la prochaine, on s’est plantées. On partait vers l’aréoport encore ! Bon ben pour demain, du coup, ce sera pratique. Euh, comment qu’on fait pour retrouver notre chemin ? « Hi mademoiselle l’autochtone, vous parlez  anglais paske ben on est perdues ? » « ah écoutez je ne suis pas copenhagoise mais je connais bien, faut aller là ensuite ici et sinon en attendant c’est en face… Bonne journée les filles amusez vous bien». Je vous ai déjà dit que ces gens sont hyper mega gentils et serviables ? Bon hier on a pris le RER, aujourd’hui le TER par erreur et là, on se rend dans le métro. Il nous reste le bateau, le bus et le vélo et on aura tout fait ! Bon, avec notre passe illimité, on va faire un aller retour en métro et ben, en fait, on va passer la journée à marcher, découvrir la ville, d’autres parcs, des bâtiments typiques, le port de Nyhavn et nous poussons comme trois touristes classiques jusqu’au quartier de Christiana. Là, l’accueil et les règles sont simples : il est interdit de prendre des photos, de courir et il faut s’amuser.

ça pue le shit à 2km (je dis ça parce qu’on me l’a dit hein, je n’ai bien entendu jamais consommé de substance illicite) et une fois le panneau récapitulatif passé, quelques petites échoppes hors la loi se succèdent, permettant aux badauds de s’équiper en cônes pré-connifiés dont l’odeur florale nous indique le chemin à suivre. Tain, l’endroit est pittoresque, différent et là, une dame sort son appareil photo pour immortaliser ce havre de liberté. Euh liberté, jusqu’à une certain point (poing ?). Deux jeunes hommes certainement très frileux car cagoulés et bonnetés de façon à ce que seuls leurs yeux méchants et agressifs ne dépassent approchent la dame et entament avec elle une conversation dont les termes sont clairs : tu détruits ta photo, tu n’en fais plus une seule et si jamais tu déroges à cette simple règle, il est possible que tes parents entendent parler de toi par le biais des faits divers. Bon, vous vous doutez bien que tout ça se passe calmement mais nous ne sommes pas restées à porter de voix ni de main au cas où. On râle un peu sur cette règle mais bon, s’il est toléré ici parce qu’officiellement inexistant, le commerce de drogue n’est toujours pas légal au Danemark donc, il est assez logique que nos jeunes hôtes du quartier, commerçants tranquilles, n’aient pas très envie d’avoir leur visage dans les bases du MI6 ou de la DGSI danemarkoise.

Mais Rourou et moi avons les objectifs qui nous démangent. Les Elise Lucet en nous, le cash investigation qui coule dans nos veines nous secoue. Il nous faut ramener une preuve de ce qui se passe ici. Nous avons fait des études de journalisme bon sang. De haut niveau. Mais bon ils font peur tout de même les cagoulés. Allez, avançons, notre vie passe avant notre devoir sacerdotique. Et là, Lemonade est victime d’une crevaison de lacet. Elle doit s’arrêter et c‘est dans une rue presque vide qu’elle nous force à une halte soudaine. Bim, n’écoutant que nos courages respectifs, Rourou et moi profitons de cette diversion pour jeter un coup d’œil rapide à notre environnement, décidons que les cagoulés ne pourront pas nous rattraper s’ils nous repèrent et que l’on part en courant (au pire, on abandonne Lemo qui nous ralentira et on enverra la légion la récupérer au plus tôt) (bon en vrai, y’a pas de cagoulé hein) et nous faisons le cliché de notre vie.

Le mien c’est ça :

Un Pulitzer en devenir ! Celui de Rourou ne sera pas partagé avec vous, elle a un enfant elle, ils pourraient tenter de la faire chanter. (pi je l’ai pas en vrai). Et comme disait Mesrine avant la balle fatale: ça valait le coup hein !

Grisées par cette aventure folle, nous enchaînons avec un déjeuner récupérateur. Nous ne sommes pas suivies ? Non c’est bon, alors un peu de calme. Après un moment de tension entre nous (faut se l'avouer lorsque la pression monte, les nerfs sont mis à dure épreuve et parfois la douleur nous fait dire des choses atroces qu'on ne pensait pas, on ne connait même pas votre mère), les filles donnent le la et nous font arpenter les rues : Glyptotek, museum, Tivoli, Christianborg slot, nous revenons à la maison par un chemin plus culturel et bien moins dangereux que celui emprunté dans Christiana.

Toujours dans le froid, les pieds commencent à chauffer. En fait on n'aura jamais autant marché que le jour où on a pris le billet de metro illimité ! Faudra qu'on se lève à l'aube demain, qu'on se prépare vite, qu'on mange frugalement pour ne pas perdre de temps et qu'on saute dans le métro pour déposer nos bagages et rentabiliser encore notre billet avant midi. Pi si on a le temps, on ira (enfin) déjeuner aux halles à côté !

Tain, il est encore 18h passées ! On ne va jamais réussir à manger à la halle à côté de l’appart ! Bon ben, qu'est ce qu'il y a dans le coin de chez nous (dans le quartier latin d'ailleurs, c'est comme ça qu'il s'intitule). Ben livraison de pizza à domicile ou tapas. Rourou veut se mettre du rouge à lèvres et pour ça, il lui faut manger dehors (ouais, je crois qu'elle craint qu'en restant dans le salon on ne lui fasse des avances perverses...ahhhh à ce sujet, les 3 profils netflix de notre hôte sont ceux de garçons...CQFD, encore une preuve que cette ville est un havre pour les gens qui aiment les gens qui ont le même kiki qu'eux). Bon bref, rouge à lèvres donc Tapas alors !

Ca, pour une journée c’était une journée : j’ai emprunto-volé un blouson pour la journée, nous avons bravé les interdits pour faire une reportage d’investigation, été confrontées à une horde d’hommes fous de nous, nous avons côtoyé la fête et l’alegresse insouciante du parc de Tivoli et enfin, après avoir mangé, chanté, et parlé espagnol, anglais et français, nous nous accordons le droit d’aller au dodo en nous promettant de sortir plus tôt demain. Si on peut. Sans se presser. Ah et heureusement que nous nous sommes trompées de chemin sinon notre passe n’aurait pas été rentable…

Demain, on repart, les maîtres mots du séjour se profilent, je vous les livrerai plus tard.

Tak, de m’être fidèle(s)