Confit de (froid de) canard

La France entre dans sa phase 4, celle du 11 mai, avec son lot de retour à l’anormal.

Je souhaite du courage à ceux qui y sont retournés. Ceux qui se déplacent pour aller bosser. Ceux qui doivent prendre les transports en commun parce qu’ils n’ont pas le choix. Ces malchanceux qui avaient tout mis en œuvre pour aller au boulot à vélo ou en marchant, en trottinette ou en roller. Ceux qui avaient réussi à se remettre en forme ces deux derniers mois et qui avaient pris les résolutions destinées à éviter le métro et qui sont sortis ce matin, par un vent de force 4 (pas celui du panaché des années 90, le vrai), ce vent qui a arraché leur masque à peine le nez dehors. Celui qui leur a intimé de remettre un blouson alors qu’on est en short depuis 2 mois ! Ceux qui après avoir bronzé sur leur lit/leur canapé/leur tapis du salon en fonction des rayons du soleil ou leur balcon voire  dans leur jardin (salopards de nantis de merde (non je ne suis pas jalouse)) ont démarré cette nouvelle phase, cette nouvelle vie sous les plus moches auspices : le froid et la pluie (on va pas se mentir, c’est un signe). Ceux qui comme moi attendent les masques de la mairie (mouais, mouais, mouais, ca commence à être long..je pense qu’on se les ai fait carotter). Ceux à qui, comme moi, les ami(e)s ont fait et envoyé des masques (je vous aime). Ceux qui s’étaient dit qu’enfin ils  allaient se débarrasser des mioches mais bim : 28 inscrits et 12 places donc…Bon courage à tous parce que ça doit être difficile.

Depuis ce matin mes collègues sur site me parlent surtout de ce lourd silence qui plane dans les couloirs. Profitez-en les copains, un jour ou l’autre je reviendrai vous saouler …mais pas tout de suite, j’ai a chance de continuer à télétravailler encore un peu et j’en suis fort aise.

Moi, de toute façon je n’étais pas prête : j’ai agréablement oublié le visage mesquin de certaines de mes collègues, je me suis faite à l’idée de ne plus croiser l’haleine de certains autres, j’ai vraiment apprécié ne plus croiser ces déficients de l’hygiène et n’ose même pas imaginer dans quel état je vais les retrouver. Bien entendu, toi tu me manques et j’ai hâte de déjeuner à nouveau à tes côtés, toi j’ai envie de recommencer quelques pauses dans ton bureau, toi tu sais que j’ai hâte de m’assoir le matin à tes côtés et boire mon thé en discutant, vous et vous, gardez ma petite place dans votre planning pour nos échanges enrichissants. Vous me manquez mais c’est vous voir que j’attends, pas forcément vous voir au bureau…

Et puis de toutes façons, je ne peux pas revenir pour le moment: je ne sais même plus où sont rangés mes soutifs …