Les voyages forment la jeunesse

Pour son boulot, mon frère part aujourd’hui en Inde. S’il a l’habitude de voyager à travers le globe et qu’il connait parfaitement notre vieux continent (peut être moins du côté où les gens font pousser des bras dans le dos des gamins pour faire peur aux feux rouges. OK, ça c’est pas cool comme réflexion, mais sans rire, ils vous font pas peur vous les gars avec leurs pieds à 180 degrés ?). Et comme à chaque fois qu’il voyage, il aime bien découvrir les endroits typiques, les endroits vrais et entrer dans une nouvelle contrée en immersion totale. C’est ainsi que demain midi, il devrait se retrouver dans un petit resto « typical of the south asian food » comme lui a annoncé son collègue. Ahhh l’Inde, le Taj Mahal, le Gange, la culture, les maharadjas, les éléphants…

Oups, une pause s’impose parce que je ne vous ai pas tout dit : Pou n’est pas très chanceux, il est même souvent assez proche du « pas de bol » et a survécu à deux embolies pulmonaires. S’il est devenu un survivor dans sa tête, dans le même temps, il sait qu’il peut être assez fragile et que certaines situations normales pour le commun des mortels, comme attraper une gastro ou manger un yaourt périmé de 24 heures, peuvent lui être fatales. Ainsi, il préfère anticiper plutôt que de risquer d'y rester.

Ceci étant établi, je reviens donc sur la soirée d’hier « tiens mon frère part en Inde, le Taj mahal, les éléphants, les couleurs…waouw, trop classe » « Ben t’oublie que s’il s’approche à moins de 20 mètres du Gange, il peut surtout chopper la peste bubonique, qu’en mangeant local il va chier des flammes et qu’il peut finir écrasé par Dumbo ! ». Ah ouais c’est sûr, on n’a pas la même vision du monde

Revenons d’ailleurs sur la malchance Poutesque. Passionné par le Japon, Pou m’avait proposé de passer notre voyage de noces dans ce pays qu’il rêve de visiter depuis tout petit. Nous mettons donc en place l’idée de partir au Japon en mars-avril 2011, quasi un an après notre mariage mais afin de pouvoir être transportés par les cerisiers en fleur…et là : Fukushima.

Depuis 2010, nous cherchons donc où partir célébrer nos noces : à chaque fois que je propose une destination, Pou à une parade (je me demande s’il ne cherche pas juste à se soustraire à ce moment passé en tête à tête avec moi…faudra que je creuse). « Si nous partions en Afrique du Sud ? » « T’es folle j’ai regardé un reportage et y’a des requins et des serpents de ouf, on n’en reviendra jamais ». Bon Ok « et l’Australie ? » « Ah ben bingo, les requins, les scorpions les plus dangereux du monde, les aborigènes tellement enfermés dans leur pauvreté qu’ils sont devenus hyper violents, je serais obligé de te laisser en caution pour pas qu’on meure tous les deux » OK. « Un safari au Kenya ? » « Parfait, pourquoi pas un saut à l’élastique sans élastique ? Entre la chaleur et les attaques de fauves, j’ai calculé qu’on avait 2,23 % de chances de revenir seulement. Mais si ça te suffit, allons-y, on est large ! ». Là tu commences à me gonfler. « Alors si on se faisait une croisière ? » « Ah non, moi vivant jamais, une bande de zombies coincés dans une salle de repas bruyante et qui se retrouvent à la piscine au milieu des mioches 8 heures par jour : never ». OK là je suis d’accord. « Ben où tu veux aller alors ? » « Au Japon, mais dans 1 250 ans, lorsqu’il n’y aura plus de risque de contamination ! » « ah les Etats Unis alors ? on se fait un road trip, on peut passer par tous les paysages et toutes les cultures dans le même pays » « justement : moi j’ai pas vraiment envie de finir à quatre pattes chez les red necks, ruiné pour t’avoir perdue de vue 3 minutes à Vegas ou vendu contre quelques quesadillas au nouveau Mexique » ouais, ben en attendant, on va bouger. Et pour plus de sécurité POutesque on va bouger moins loin parce qu’en fait on aime bien notre Europe. Après le Portugal la dernière fois, on va se faire une virée en Irlande cet été (on garde THE voyage pour les noces, c’est notre truc ça !) parce que j’ai lu dans un pub il y a quelques temps que « what butter or whiskey can’t cure, can’t be cured » so, s’il y a bien un pays où ces deux antidotes sont présents c’est bien l’Irlande donc normalement, même Pou ne risque rien !!!

Mais ne croyez pas que je sois une pauvre femme frustrée par son homme (pas tout le temps…ouh, la vilaine) je dois avouer que ça m’arrange aussi de me cacher derrière son mauvais caractère et sa vision si positive du monde parce que moi…j’ai peur de l’avion. Et si je le prends quand il faut, ben pourquoi ne pas me faire passer pour la victime et Pou pour le méchant quand je peux éviter 10 heures de vol ???